Si le monarque et la monarchie sont des symboles, que symbolisent-ils ?

– Pauline Easton –

12 septembre 2023

Les dirigeants ne cessent de répéter que la monarchie est symbolique. Cela finit par devenir un grave problème, pour les dirigeants, mais pour le peuple aussi. En effet, ce sont des choses significatives qui sont représentées dans le symbolisme. On ne peut pas répéter sans cesse que la monarchie est un symbole de continuité, de stabilité, etc. sans dire c'est la continuité de quoi ? La stabilité de quoi ? Qu'est-ce qu'on essaie de maintenir ? De quoi veut-on prévenir l'effondrement ?

Les dirigeants ont beaucoup de problèmes avec ces questions parce que la réponse ne peut être convaincante que si le peuple accepte les arrangements existants. Ces arrangements sont devenus dysfonctionnels parce qu'ils ne répondent plus aux exigences de l'époque. La théorie qui est à la base, connue sous le nom de théorie de l'alliance (Covenant Thesis) est dépassée et n'est plus utile. En quoi répéter que la monarchie représente la stabilité de l'ordre constitutionnel change-t-il ce fait ? Cela ne change rien.

Les arrangements « symboliques » actuels posent deux problèmes principaux. Premièrement, le peuple ne les accepte pas parce qu'il ne se voit pas représenté par eux et, en effet, il ne l'est pas. Deuxièmement, les arrangements actuels ne permettent plus d'étouffer les luttes de plus en plus intenses, voire armées, entre les sections des élites dirigeantes qui se disputent le contrôle de l'autorité suprême de l'État, ce qui donne lieu à des guerres civiles à l'intérieur du pays et à des guerres impérialistes à l'étranger.

Les arrangements actuels ne permettent pas non plus d'étouffer les soulèvements de plus en plus déterminés des membres de la société pour les réclamations qu'ils sont en droit de faire à la société. Les élites n'ont pas l'intention de satisfaire ces réclamations. Elles réagissent en recourant aux tribunaux et à la force, tandis que les élections qui servent à légitimer le système de représentation ne résolvent rien en ce qui concerne le besoin de garantir un transfert stable du pouvoir d'une faction à l'autre et la stabilité de l'ordre constitutionnel.

Cela se vérifie également au niveau international, où les guerres ne sont plus la politique par d'autres moyens parce que beaucoup de corps politiques des peuples du monde ont été détruits ou sont en train d'être détruits.

Le système actuel de représentation a été mis en place à la fin des années 1660 sur la base de ce qu'on appelle la thèse de l'alliance ou de la convention. La pression actuelle pour ne pas reconnaître l'importance de ces arrangements qui consacrent l'existence d'un roi britannique en tant que chef d'État du Canada s'exerce en partie par le refus d'admettre leur dysfonctionnement. La bataille de la démocratie est une bataille qui se poursuit au fil du temps et qui fait progresser la société en veillant à ce que les arrangements répondent aux besoins. Aujourd'hui, cette bataille exige l'élimination de ces arrangements obsolètes et de leurs institutions. L'analyse des raisons des dysfonctionnements est nécessaire pour s'assurer que l'ancien n'est pas reproduit. L'ancien n'est pas ce qui guide nos luttes aujourd'hui.

Dans la thèse de l'alliance, ou de la convention, le « peuple » est censé « convenir » qu'il est représenté par le chef de l'État qui existe au-dessus de tous et de tout sous la forme d'une personne fictive qui incarne le fiat de Dieu – les commandements de Dieu. Ceux-ci auraient été transmis au « peuple élu » par Moïse. Sous l'influence des Grecs et des Romains et sous leur tutelle, les commandements de Dieu sont appelés « loi mosaïque ». Ils sont canonisés et la conception d'une alliance « souveraine » avec Dieu est donnée, par laquelle Dieu investit le « souverain » du pouvoir spirituel suprême et du pouvoir temporel suprême en un seul sur les « dominions de Dieu ». Cette alliance des alliances et l'alliance du peuple avec le souverain sont alors déclarées principes fondateurs de la res publica – les affaires publiques, ce qu'on appellera le monde chrétien.

L'image du « Léviathan » de Hobbes. Cliquer pour agrandir.

Selon la thèse de l'alliance, le souverain a reçu l'onction pour représenter Dieu et être le médiateur entre Dieu et le peuple sur les questions relatives à la guerre et à la paix, au crime et au châtiment, à la vie et à la mort. L'épée et la crosse de l'évêque, symboles de ce rôle, représentent son commandement dans les affaires temporelles et spirituelles. Dans l'oeuvre de Thomas Hobbes, cela se traduit par un pacte entre le peuple et le souverain qu'il a chargé de le représenter.

Le souverain peut prendre la forme d'un roi, d'un président ou d'un premier ministre. Hobbes ne défend pas l'idée que les rois ont un droit divin de régner, puisqu'il écrit à une époque où le roi est décapité et où des guerres civiles éclatent. Il crée plutôt un personnage d'État fictif qui exerce le pouvoir suprême. Ce pouvoir se transmet d'un gouvernement à l'autre, représenté par le souverain, la personne de l'État.

Le souverain crée l'image de lui-même comme une fiction de ce qui est représenté. Il essaie de créer une personne qui représenterait la nation, qui est le peuple. Il s'agit d'un échange complexe. Selon Hobbes, le peuple autorise le souverain à le représenter et est représenté par lui. Le souverain, doté du pouvoir suprême, dit ce qu'il représente. Le souverain aurait créé une représentation du peuple parce que celui-ci a convenu d'avoir cette personne de l'État, qui serait le miroir de l'alliance du peuple avec Dieu. C'est comme la logique de la Trinité dans laquelle Dieu a trois personnes : il est à la fois le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Ses commandements sont canonisés dans quatre des livres du Nouveau Testament, les évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean qui sont des évangélistes – ils répandent la parole de Dieu et ses commandements.

Nous devons rendre hommage au souverain parce qu'il interprète tout pour nous. Il exige la loyauté, comme l'a fait Charles III, comme le fait le président Biden, car ils sont les seuls à posséder les connaissances et le pouvoir de décider des questions d'État, à la fois spirituelles et temporelles. Aujourd'hui, ces anciens arrangements sont tellement dysfonctionnels qu'on a même cessé d'invoquer le concept de la personne de l'État assumant la responsabilité sociale pour le peuple.

Il n'est pas surprenant de voir que l'actuel évêque de Canterbury est non seulement issu de la même classe et du même milieu que les pairs du « royaume » britannique, mais qu'il est également connu pour être un pasteur évangéliste. Dans son curriculum vitae, on apprend que « le très révérend Justin Welby a fait ses études aux collèges d'Eton et Trinity et à l'Université de Cambridge, où il a étudié l'histoire et le droit. Pendant onze ans, cinq à Paris et six à Londres, il a travaillé dans l'industrie du pétrole et a été trésorier d'une grande société britannique d'exploration et d'exploitation. Il a ensuite commencé sa formation au ministère en 1989, après quoi il est devenu évêque de Durham, doyen de la cathédrale de Liverpool et chanoine de la cathédrale de Coventry, où il a beaucoup travaillé sur la réconciliation. Au cours de l'été 2012, il a été invité à rejoindre la Commission parlementaire sur les normes bancaires. Le 9 novembre 2012, Justin Welby a été déclaré le 105e archevêque du siège de Canterbury. Il est devenu officiellement archevêque le 4 février 2013, succédant au Dr Rowan Williams qui a pris sa retraite à la fin du mois de décembre 2012. »

Ailleurs il est noté : « C'est l'archevêque de Canterbury qui a le privilège de couronner les rois et reines d'Angleterre et se place immédiatement après les princes de sang royal. La résidence officielle de l'archevêque se trouve à Lambeth Palace, à Londres, et sa résidence secondaire au Vieux Palais, à Canterbury[1]. »

Le sermon de l'archevêque lors du couronnement de Charles III à l'abbaye de Westminster le 6 mai aborde le thème du service. Dès le début, à la deuxième phrase, l'archevêque déclare : « Nous sommes ici pour couronner un roi, et nous couronnons un roi pour qu'il serve. » Toute sa présentation explique ce que cela signifie et, ce faisant, il nous dit exactement comment Charles III façonnera son personnage de celui qui « n'est pas là pour être servi mais pour servir ».

Le service est l'un des cinq principes de l'évangélisation dont il existe trois modes : le mode naturel, le mode corps/vie et le mode ministère. Les six styles d'évangélisation sont les styles « par confrontation, intellectuel, relationnel, témoignage, par invitation et par service ». Le principe est que « chaque personne a des dons et des capacités donnés par Dieu qui correspondent à une ou plusieurs de ces six approches ». Dans une communauté ecclésiale, tous les styles sont présents.

Le texte intégral de l'homélie prononcée par l'archevêque de Canterbury lors du couronnement du roi est reproduit ci-dessous afin d'illustrer ce que l'on entend par « service ». Il s'agit également d'éclairer les délibérations sur la manière dont cette conception du service de chaque membre de la société se compare à la demande des peuples aujourd'hui d'une société qui assume ses responsabilités sociales en affirmant les droits qui appartiennent à toutes les personnes en vertu de leur condition d'être humain.

L'exigence des peuples aujourd'hui est qu'on mette fin à l'offensive antisociale brutale et qu'on humanise l'environnement naturel et social. Cette offensive antisociale ne reconnaît pas du tout la société et ses responsabilités. Elle privatise tout et transforme tous les membres du corps politique en objets jetables dont les droits ne sont pas reconnus. Tout est basé sur le volontariat et la demande de charité et de pitié aux gouvernements et à ceux qui sont nos « supérieurs » et qui détiennent le pouvoir de décision.

En cela, le roi et son archevêque donnent un vernis moderne à la vieille conception féodale de noblesse oblige – la reconnaissance que la noblesse avait des obligations envers ses serfs. Cette conception a été introduite aux XIXe et XXe siècles lorsque les rapports capitalistes se sont imposés sur la base de la conception utilitaire du « plus grand bien pour le plus grand nombre ».

Une autorité publique a été créée pour veiller à ce que les pauvres et les démunis soient pris en charge par des institutions caritatives. Les personnes aisées ou mieux loties avaient le devoir de soutenir ces organisations caritatives et de « nourrir les pauvres ». Dans la période qui a suivi la Deuxième Guerre mondiale, cela a donné naissance à l'État-providence, tout cela pour maintenir les classes laborieuses soumises au pouvoir de leurs « supérieurs » qui constituaient la bourgeoisie et, avec elle, maintenaient l'aristocratie.

Depuis la période 1989-1991, lorsque le néolibéralisme a pris racine dans l'économie et qu'une offensive antisociale a été déclenchée pour démanteler les structures de l'État-providence, l'autorité publique a été détruite, les programmes sociaux ont été sapés et privés de financement – y compris les systèmes d'éducation et de santé, puis le « volontariat » a été introduit par George W. Bush aux États-Unis, adopté également par les partisans de la « troisième voie » promue par Tony Blair, Bill Clinton et même Justin Trudeau. Le volontariat a été promu dans les années 1960 par John F. Kennedy, qui a déclaré : « Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays. ». Et ensuite par Obama qui a créé des organisations destinées à la jeunesse connues sous le nom de « I Am My Brother's Keeper » (Je suis le gardien de mon frère). Tout cela vise à masquer l'échec des arrangements existants à garantir les droits des peuples, qui est le critère permettant de juger de la validité des arrangements de gouvernance.

Noblesse oblige

Un aspect important de la façon dont la monarchie contribue à préserver le statu quo est son rôle dans le maintien de la conception de « noblesse oblige » pour façonner un système dans lequel les responsabilités sociales d'un État moderne, qui consiste à défendre les droits de tous et à leur donner une garantie, sont abandonnées. Au lieu de cela, les citoyens sont censés implorer la pitié des riches et des gouvernants.

Noblesse oblige est la responsabilité déduite qu'ont les personnes privilégiées d'agir avec générosité et noblesse envers les « moins privilégiés ». Il ne se passe pas un jour sans que des organisations – des hôpitaux à la Société protectrice des animaux, en passant par les refuges pour femmes, les groupes de lutte contre la pauvreté, les banques alimentaires et bien d'autres – n'aient à demander de l'argent et de la charité pour maintenir leurs programmes. Cette conception de la noblesse oblige est utilisée pour légitimer l'acquisition de richesses obscènes et toute la corruption entendue dans la manipulation des avantages fiscaux et des exonérations pour leurs oeuvres de bienfaisance et leurs fondations. Elle vise également à mettre un terme à la discussion sur le fait qu'une société moderne ne peut être fondée sur la charité et la bienveillance de ceux qui tiennent les cordons de la bourse.

Une société fondée sur l'éthique et la pratique médiévales de noblesse oblige perpétue l'idée que ceux qui sont considérés comme ayant réussi, selon les critères établis par la classe dirigeante, sont supérieurs aux autres et « l'idée que la classe supérieure a des dons à offrir au reste du monde, et que les pauvres, les marginaux et les défavorisés sont les récipiendaires reconnaissants de cette bienfaisance ». « Cette générosité perpétue une hiérarchie. Elle maintient les privilégiés derrière un mur de richesse, d'éducation et de pouvoir. Elle maintient également la 'noblesse' hors de contact avec la réalité de la vie à l'extérieur de ce mur, hors de contact avec les misères économiques, hors de contact avec le travail acharné qui ne mène pas à la réussite financière, hors de contact avec la souffrance humaine et avec un large éventail de la diversité humaine[2]. »

L'acceptation de cette notion devient une nécessité pour accéder à cette bienfaisance. La monarchie parle jour et nuit du « devoir » des « royaux qui travaillent » de parrainer telle ou telle oeuvre de bienfaisance. Il s'agit d'accepter que les choses sont ainsi et qu'il n'y a pas d'alternative. En d'autres termes, elle promeut une conception du monde qui enlève le pouvoir de décider – elle prive activement le peuple d'une conception du monde basée sur un point de vue qui lui est propre.

Aujourd'hui, la cupidité de la classe dirigeante est si extrême que des intérêts privés étroits utilisent leur prise de contrôle du pouvoir décisionnel des gouvernements pour réduire le financement public des programmes sociaux, des soins de santé et de l'éducation. Ces domaines sont confiés à des intérêts financiers privés à des fins de profit et, parallèlement, ils les transforment en choses dont doivent s'occuper des « bénévoles ». Même les secours en cas de catastrophe et la prise en charge des réfugiés relèvent du bénévolat en tant qu'obligation sociale.

Cette conception du bénévolat est une autre version de la notion de noblesse oblige. Dans le bénévolat, l'« obligation » de se porter volontaire incombe aux « roturiers » et non à la royauté, à la noblesse ou aux riches. En fait, ces derniers donnent de moins en moins, à moins qu'il n'y ait un avantage fiscal à le faire ou un mécanisme de corruption, comme la promotion par le gouvernement Trudeau de l'association We Charity. L'affaire We Charity a été étouffée pour faire place à d'autres systèmes qui récompensent les flagorneurs et ceux qui sont prêts à faire la génuflexion lorsqu'on leur ordonne de le faire.

La demande faite aux enseignants, aux pompiers, au personnel de santé et à tant d'autres de donner bénévolement de leur temps, de leur expertise, de leurs compétences, etc. heurte les intérêts de la classe ouvrière. La classe ouvrière s'oppose aux conséquences désastreuses des catastrophes naturelles ou de la crise des réfugiés, au manque de personnel dans les hôpitaux, les bibliothèques et les écoles, ainsi qu'à l'idée que des bénévoles peuvent s'occuper de tout cela.

La solidarité sociale dans une société qui place le facteur humain/conscience sociale au centre de ses considérations n'est pas basée sur la conception du monde du « tous pour un », mais sur la défense des droits qui appartiennent à toutes et tous en vertu du fait qu'ils sont humains. Les institutions qui sont guidées par la conception du monde de la solidarité sociale mettront le pouvoir de décision entre les mains du peuple dans tous les domaines de la vie. La recherche de la miséricorde de sauveurs condescendants sera exclue parce que ces sauveurs condescendants n'existeront plus.

Les pratiques fondées sur la noblesse oblige et le volontariat sont quelques-uns des moyens de perpétuer ce système qui impose un pouvoir suprême dont le peuple n'est pas investi. Parler de la monarchie constitutionnelle comme d'un simple symbole, comme si un symbole (et une institution pour laquelle nous payons cher pour être un symbole), n'avait pas de contenu, c'est fermer les yeux sur la façon dont ce système maintient le peuple dans l'ignorance en pratique.

De quoi est-elle le symbole ? Elle est le symbole de la privation du peuple du pouvoir de décider. Quand l'empereur se pavane nu et que ses courtisans s'extasient devant la beauté de ses vêtements, ces derniers cachent non pas que l'empereur est nu, mais que le peuple est nu. Le roi a tout le pouvoir, soutenu par ses courtisans, pour se pavaner nu ou comme il l'entend, tandis que le peuple ne peut rien faire d'autre que de regarder. Il faut plus que le cri de l'enfant qui voit que le roi est nu. Il faut des mesures concrètes par lesquelles le peuple se donne les moyens de discuter des problèmes auxquels la société est confrontée et d'y apporter des solutions.

Les rapports dans lesquels entrent les membres de la société n'est pas une idée sans contenu dans le monde matériel. Et ce n'est pas seulement une question de contenu de classe, c'est aussi une affaire de contenu national – du projet d'édification nationale, ou de son absence dans le cas de la monarchie et de la classe dont elle perpétue la domination.

Les faits montrent déjà qu'une société fondée sur l'idée que les gens peuvent subvenir à leurs besoins grâce à la charité et à la mendicité ou au bénévolat n'est pas viable. Le peuple doit se doter d'une nouvelle conception du monde et de nouveaux modes d'engagement fondés sur des définitions modernes et sur les droits de l'être humain, et non sur ses rapports avec la propriété privée et ses propriétaires. La nation construite à l'image de la bourgeoisie s'est épuisée. C'est maintenant au tour de la classe ouvrière de devenir la nation et d'investir le peuple du pouvoir souverain.

À titre d'information :

La conception du service dans l'homélie de l'archevêque de Canterbury le 6 mai 2023

Viens, Esprit Saint, et remplis nos cœurs de la flamme de ton amour.

Nous sommes ici pour couronner un roi, et nous couronnons un roi pour qu'il serve.

Ce qui est donné aujourd'hui est pour le bénéfice de tous. Car Jésus-Christ a annoncé un Royaume dans lequel les pauvres et les opprimés sont libérés des chaînes de l'injustice. Les aveugles voient. Les meurtris et les coeurs brisés sont guéris.

Ce Royaume fixe les buts de tout gouvernement juste, de toute autorité. Et le Royaume définit également les moyens de tout gouvernement et de toute autorité. Car Jésus ne saisit pas le pouvoir et ne s'accroche pas au statut.

Le Roi des rois, Jésus-Christ, a été oint non pas pour être servi, mais pour servir. Il crée la loi immuable de la bonne autorité selon laquelle le privilège du pouvoir s'accompagne du devoir de servir.

Le service est l'amour en action. Nous voyons l'amour actif dans les soins que nous apportons aux plus vulnérables, dans la manière dont nous éduquons et encourageons les jeunes, dans la préservation du monde naturel. Nous avons vu ces priorités dans la vie de devoir vécue par notre Roi.

Aujourd'hui, nous avons l'honneur d'être dans cette abbaye avec tant de personnes qui font preuve d'un tel amour; vous travaillez avec des associations et des organisations caritatives, vous construisez des communautés, vous servez la nation dans les forces armées, dans les services d'urgence, et de bien d'autres manières encore. À côté de chez nous, il y a 400 jeunes gens extraordinaires dans l'église St Margaret, dont la vie parle de service. Dans le monde entier, dans les royaumes et le Commonwealth, il y en a tant d'autres. Vous vivez votre vie pour le salut des autres.

L'unité dont vous faites preuve, l'exemple que vous donnez, c'est ce qui nous lie les uns aux autres et nous permet d'offrir des sociétés fortes, joyeuses, heureuses et glorieuses. Ce sont là de lourdes responsabilités envers nous.

Et le poids de la tâche qui nous est confiée aujourd'hui, Majestés, n'est supportable que par l'Esprit de Dieu, qui nous donne la force de donner notre vie aux autres. Avec l'onction de l'Esprit Saint, le roi reçoit gratuitement ce qu'aucun souverain ne pourra jamais obtenir par la volonté, la politique, la guerre ou la tyrannie : l'Esprit Saint nous incite à l'amour en action.

C'est ce que promet Jésus, qui a renoncé à tout privilège, car, comme la première lecture nous le dit, Dieu donnera tout pour nous, même sa propre vie.

Son trône était une croix. Sa couronne était faite d'épines. Ses insignes étaient les blessures qui ont percé son corps.

Chacun d'entre nous peut choisir la voie de Dieu aujourd'hui. Accorde-moi la grâce de trouver dans ton service une liberté parfaite

Nous pouvons dire au Roi des rois, Dieu lui-même, comme le fait le Roi ici présent, « accorde-moi la grâce de trouver dans ton service une liberté parfaite ».

Dans cette prière, il y a une promesse qui dépasse toute mesure, une joie qui dépasse les rêves, une espérance qui dure. Par cette prière, pour chaque roi, chaque dirigeant et, oui, pour chaque personne, pour chacun d'entre nous, nous sommes ouverts à l'amour transformateur de Dieu.

Christian Legeais, agent officiel du parti marxiste léniniste du Québec
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