L'utilisation du nationalisme pour promouvoir le stéréotype d'un peuple divisé

Normand Chouinard*

L'aspect particulier d'un deuxième gouvernement Legault est l'illusion qu'il représente le nouveau nationalisme québécois. Lorsqu'il a été élu la première fois, le nationalisme de la CAQ a été utilisé par les cercles dominants pour présenter le stéréotype d'une peuple divisé sur une base ethnique et linguistique et sur la base des « bonnes » valeurs de « paix », de « comportements civilisés » de gens qui « n'aiment pas la chicane », contre des valeurs « étrangères », non civilisées, de violence et d'extrémisme, etc. Selon ce stéréotype, le corps politique doit choisir entre un nationalisme qui s'accorde avec les vraies valeurs québécoises et le libéralisme qui prône le multiculturalisme et est contre la langue française, etc.
Le gouvernement Legault a tout fait pour se présenter comme champion de la classe dirigeante quand le Parti libéral a perdu toute crédibilité aux yeux des travailleurs québécois à cause de son offensive antisociale. Les élites avaient besoin d'une nouvelle force politique capable d'être le champion des riches. En ce sens, les travailleurs se sont rendus rapidement compte que la CAQ représentait le nouveau parti libéral sous un vernis nationaliste, qui prône ouvertement les positions racistes, et son diktat contre le peuple au nom des valeurs dites « de souche ». Il était évident dès le départ que ce nationalisme était une fraude, une illusion pour empêcher la résolution de la crise économique par l'affirmation des droits de tous et toutes et la crise constitutionnelle par l'adoption du programme de renouveau démocratique et l'affirmation des droits nationaux du Québec.
La question qu'il faut se poser maintenant, à la lumière d'une probable victoire majoritaire de la CAQ lundi, est comment le nouveau gouvernement va utiliser son nationalisme pour bloquer la voie aux travailleurs qui défendent leurs droits. Les travailleurs du Québec sont déjà rompus aux notions antisociales des gouvernement qui se sont succédés. On n'a qu'à penser au « consensus social » de Lucien Bouchard à la fin des années 1990 ou à la « réingénierie de l'État » de Jean Charest. Ces concepts politiques visaient à empêcher l'éclosion de l'organisation pour une direction différente parmi le peuple. La nouvelle mouture du nationalisme à la François Legault ne marchera pas non plus. Les travailleurs vont voir à travers comme ils l'ont fait dans le passé.
Mais nous devons être vigilants parce que la situation dans le monde est périlleuse et, comme le dit la déclaration du PMLQ, le Québec est pris dans ce maelstrom, cet état mondial de mouvement confus et d'agitation violente. Il va falloir discuter abondamment dans les prochaines semaines et les prochains mois, voire années, des conditions concrètes dans laquelle nous nous trouvons. Que faire avec les gouvernements des pouvoirs de police ? Que faire avec les illusions nationalistes de la CAQ ? Que faire avec les notions ridicules que l'inflation est causée par les réclamations des travailleurs à la valeur qu'ils ajoutent à l'économie ?
Plusieurs autres questions vont se poser, mais l'important, comme le dit notre déclaration, est de poursuivre notre travail pour organiser des discussions qui permettent aux travailleurs de trouver un sens à ce qui se passe.

Christian Legeais, agent officiel du Parti marxiste-léniniste du Québec
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