Le 26 octobre 2023 marque le 31e anniversaire du référendum sur l'Accord de Charlottetown. La population a rejeté l'accord et ce fut la défaite des forces de l'establishment.
L'Accord de Charlottetown, intitulé Rapport du consensus sur la Constitution, a été signé le 28 août 1992 derrière des portes closes par le premier ministre du Canada d'alors, Brian Mulroney, les premiers ministres provinciaux et des territoires, et d'autres membres de l'establishment canadien. Il a été conclu à Charlottetown, suite à l'échec de l'Accord du Lac Meech de 1987. Un référendum national a lieu le 26 octobre 1992 pour ratifier l'accord et ce fut un autre échec pour cette élite.
L'objectif de l'entente était d'enchâsser le statu quo dans la constitution et de remettre aux premiers ministres du Canada, le premier ministre fédéral et ceux des provinces, le droit de prendre les décisions au nom du peuple canadien. L'Accord de Charlottetown préservait la clause qui investit un monarque étranger de la souveraineté et on était censé l'accepter sous prétexte que le titre de chef de l'État conservé par le monarque est une simple formalité. L'accord de Charlottetown leur aurait donné carte blanche pour faire comme bon leur semble.
Le 26 octobre 1992, le peuple canadien a montré son grand intérêt à parler en son nom et a rejeté l'accord : à l'échelle du pays, 73 % des électeurs admissibles ont pris part au référendum ; 7 550 723 électeurs (soit 54,2 %) ont voté non à l'Accord de Charlottetown et 6 185 902 (44,8 %) ont voté oui. Seuls Terre-Neuve, le Nouveau-Brunswick et les Territoires du Nord-Ouest ont voté majoritairement oui. Toutes les autres provinces de même que le Yukon ont voté non. Ce fut presque l'égalité en Ontario, où 49,8 % des électeurs ont voté oui et 49, 6 % non.
Trente et un ans plus tard, le besoin des peuples du Québec et du Canada de décider de tout ce qui le concerne prend toute son ampleur alors que sous nos yeux, le gouvernement Trudeau dit parler en notre nom déclarant que les crimes commis par Israël depuis 75 ans sont de la légitime défense, qu'Israël a le droit de se défendre, refusant de se ranger derrière les résolutions de l'ONU et d'exiger la fin de l'occupation, et condamnant les manifestations. Il est connu que ce sont les États-Unis qui définissent la politique étrangère du Canada. Celle-ci est à l'opposé de la voix du peuple d'un bout à l'autre du pays qui réclame que le Canada appuie sans ambiguité la lutte du peuple palestinien.
Au cours de la dernière année, la non-représentativité du gouvernement canadien et la crise de légitimité se sont intensifiées.
À l'automne 2022, les députés du Parti québécois ont refusé de prêter serment au roi Charles III à l'Assemblée nationale, lors de leur assermentation. Cela correspondait à un désir du peuple de briser les liens avec la monarchie, suite au décès de la reine Elizabeth II et de l'arrivée du roi Charles III. Le 19 octobre 2022, le premier ministre Justin Trudeau est intervenu à la Chambre des communes sur l'obligation pour les députés de l'Assemblée nationale de prêter serment d'allégeance au roi d'Angleterre. Il a déclaré que les débats sur la monarchie sont « loin dans la liste des priorités de la population ». C'est le même genre de réponse qu'a donné l'establishment suite au rejet de l'Accord de Charlottetown : retournons au « business as usual ».
Le vendredi 22 septembre, la Chambre des communes a ovationné un nazi de la Waffen SS, se couvrant de honte. La glorification du nazisme est totalement contraire aux traditions et à l'histoire des peuples du Québec et du Canada qui ont combattu le nazisme. Pas en notre nom !
Et depuis le 7 octobre, le gouvernement canadien maintient son appui indéfectible au régime de Benjamin Netanyaou, l'occupation de la Palestine depuis 75 ans et le massacre de sa population, condamnant en même temps tous ceux et celles qui s'y opposent.
Ces positions n'expriment en rien la conscience élevée des Québécois et des Canadiens qui défendent les principes de l'humanité progressiste et le désir de changement, de moderniser la société pour qu'elle les serve. Ce que l'on voit sous nos yeux en ce 31e anniversaire est que les arrangements politiques au Canada privent le peuple de tout contrôle sur toutes les décisions qui l'affectent. La politique étrangère d'apaiseur au service des États-Unis que défend le gouvernement canadien est contraire à l'esprit des Canadiens et Québécois.
Un très fort mécontentement face au processus politique et aux politiciens existait il y a 31 ans et grandit aujourd'hui dans cette contradiction entre ceux qui décident de la direction du pays, et le peuple et ses aspirations. La question de qui est investi de la souveraineté, le peuple ou la monarchie, se pose dans toute sa profondeur. C'est le peuple qui doit être investi de la souveraineté. Aujourd'hui, les Québécois et les Canadiens marquent cet anniversaire en parlant en leur propre nom.
Christian Legeais, agent officiel du parti marxiste léniniste du Québec
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