15 décembre 2023
De plus en plus dans les manifestations en appui à la Palestine, on peut voir sur les pancartes des pastèques (ou melons d'eau). Le fruit a les mêmes couleurs que le drapeau palestinien et celui de la Grande révolte arabe du début XXe : le rouge, le noir, le vert et le blanc. C'est le symbole de la résistance palestinienne. Souvent les utilisateurs des médias sociaux affiches des images de pastèque au lieu du drapeau palestinien, pour éviter que leur compte ou leurs vidéos ne soient supprimés.
La pastèque est considérée comme un symbole politique depuis des décennies dans les territoires palestiniens, notamment lors de la première (8 décembre 1987 – 13 septembre 1993) et de la deuxième Intifada (28 septembre 2000 – 8 février 2005).
En 1967, dans la foulée de la guerre des Six jours opposant Israël à l'Égypte, la Jordanie et la Syrie, qui vit l'État d'Israël tripler l'annexion territoriale, les forces israéliennes interdirent au peuple palestinien de brandir son drapeau dans les territoires occupés. Le simple affichage des quatre couleurs (rouge, noir, vert et blanc), placées côte à côte, était également banni. Pour contourner l'interdiction, le peuple palestinien se mit à brandir des pastèques et à les couper dans la rue, exposant leur écorce blanche, leur chair rouge, leurs pépins noirs et peau verte. Puis, l'interdiction d'afficher le drapeau palestinien a repris lors de la première Intifada et a pris fin en 1993, avec la signature des Accords d'Oslo. En 1993, après la signature, le drapeau rouge, noir, blanc et vert a été reconnu comme le drapeau de l'Autorité palestinienne, qui a été créé pour administrer Gaza et certaines parties de la Cisjordanie occupée.
Le choix de ce symbole est également lié à la souveraineté alimentaire des territoires. Durant la première Intifada, le gouvernement israélien a interdit aux agriculteurs palestiniens de planter plusieurs types de semences vivrières, dont celles des pastèques. À la place, les agriculteurs israéliens ont planté des variétés hybrides produites par des sociétés israéliennes. Ce changement, de pair avec les conditions de l'occupation, a provoqué la quasi-extinction d'une variété locale de pastèque appelée jadu'i, connue pour sa résistance à la maladie et sa capacité d'adaptation au microclimat.
L'utilisation de la pastèque comme symbole de résistance a connu un nouvel essor au début de cette année. En janvier, lorsque le nouveau ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a ordonné à la police de retirer les drapeaux palestiniens des espaces publics, affirmant que leur déploiement constituait un acte de « soutien au terrorisme », des images de pastèques sont apparues lors des marches. Lors d'une manifestation organisée en juillet à Jérusalem, des manifestants israéliens portaient des pancartes aux couleurs du drapeau palestinien, une pastèque ou le mot « liberté ». En août, un groupe de manifestants a porté des t-shirts avec des illustrations de pastèques lors d'un rassemblement à Tel Aviv pour protester contre les projets de réforme judiciaire du premier ministre Benjamin Netanyahou.
Dans le milieu artistique, la pastèque a aussi pris son espace. Voici un extrait du poème Ode à la pastèque écrit par Aracelis Girmay, une poétesse américaine :
Christian Legeais, agent officiel du parti marxiste léniniste du Québec
Politique de confidentialité