Demandes salariales des travailleurs du secteur public au Québec

1er novembre 2023

Les travailleurs rejettent un statu quo présenté comme ouverture

Devant l'écrasant vote de grève adopté par l'ensemble des travailleurs du secteur de l'éducation, de la santé et des programmes sociaux, regroupés en Front commun ou pas, Sonia Lebel, responsable de l'Administration gouvernementale et présidente du Conseil du trésor, a déposé ce qu'elle appelle une nouvelle offre aux 600 000 employés de ce secteur, le 29 octobre passé qui est passée de 9 % sur cinq ans à 10,3 % pour la même période.

Le Front commun demande depuis plus d'un an des augmentations salariales récurrentes représentant environ 20 % en trois ans. « Encore une fois, le gouvernement démontre son incapacité à comprendre les difficultés vécues dans les services publics et à réaliser l'urgence de sauver le bateau qui est en train de couler. Il prouve de plus sa déconnexion complète face à la colère des travailleuses et des travailleurs qui, épuisés, portent sur leurs épaules des services publics plus que jamais fragilisés [...] Nous ne voyons rien dans ce dépôt qui permettrait de lever la grève. Nous devons nous rendre à l'évidence. La grève est la seule solution pour que le gouvernement comprenne. Puisqu'il le souhaite, on va l'exercer haut et fort le 6 novembre prochain », a publié le Front commun à cette annonce.


Le vice-président de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) qui va débrayer les 8 et 9 novembre en a dit : « Deux sentiments nous habitent actuellement : déception et colère ».

La Fédération autonome de l'enseignement (FAE), qui a déposé une version élaguée de ses demandes syndicales en septembre dit : « Nous avons déjà démontré notre volonté de régler rapidement et avons tout tenté pour faire débloquer l'impasse dans laquelle s'est retrouvée notre négociation. Nous sommes toujours prêts à discuter, mais notre confiance s'effrite de plus en plus et il sera difficile pour nos membres de garder leur calme devant les offres actuelles, qui ressemblent davantage à des offres de départ. L'écart entre la nouvelle proposition du gouvernement et les besoins de nos membres est encore très grand. » L'organisation annoncera bientôt la date de sa première journée de grève.

Souhaitant désespérément créer l'illusion que ces négociations sont des discussions ouvertes et sérieuses sur l'avenir des services publics, Sonia Lebel a présenté les offres du gouvernement ainsi : « Aujourd'hui, nous avons soumis aux syndicats des propositions significatives qui pourraient avoir un impact très positif sur les discussions en cours. Il ne faut pas oublier que cette négociation doit mener à des gains, de part et d'autre, puisque c'est ultimement un contrat de travail. Oui, on doit mieux rémunérer les employés de l'État, mais j'ai aussi la responsabilité que chaque dollar issu des poches des contribuables soit maximisé et ait un impact à long terme dans nos réseaux, et non pas un effet temporaire. C'est pour cette raison que nous devons impérativement aborder les enjeux reliés à l'organisation du travail. » Il est aussi très frappant que la construction d'un système véritablement public de soins de santé et d'éducation doive faire l'objet de gains « de part et d'autre ». Alors que les travailleurs du secteur public servent toute la population, qui sont ces « autres » dont on doit tenir compte des gains ? Les intérêts privés ?

Alors que tous les membres de la société du Québec sont conscients que les conditions de travail des travailleurs du secteur public doivent être modifiées pour leur permettre d'accorder temps et soins selon les besoins de la population en santé et en éducation – ce qui signifie diminuer le nombre de patients et d'élèves dont ils sont responsables, la mention des « enjeux reliés à l'organisation du travail » est une autre tentative désespérée du gouvernement du Québec de faire croire qu'une organisation du travail viable qui n'est pas basée sur l'expérience directe des travailleurs de ce secteur et de leurs demandes est possible.

Le Front commun dit que « Malgré tous les signaux envoyés à ces tables [sectorielles], dont l'élagage mené récemment, nos vis-à-vis patronaux répondent qu'ils n'ont aucun mandat pour parler même de leurs propres demandes. Nous sommes rendus à nous questionner sur la volonté et la capacité du gouvernement à convenir d'ententes satisfaisantes prochainement. »

Christian Legeais, agent officiel du parti marxiste léniniste du Québec
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