La 15e conférence des parties (COP15) à la Convention des Nations
unies sur la diversité biologique (CDB) se tient à Montréal, siège
du secrétariat de la CDB, du 7 au 19 décembre. La CDB a été
signée lors du Sommet de la Terre de Rio en 1992, puis ratifiée par
environ195 pays, mais pas par les États-Unis. Aujourd'hui, 196 pays
sont parties à la CDB et 12 000 délégués de ces pays devraient
participer à la conférence de Montréal. Le premier ministre Justin
Trudeau devrait s'adresser à la conférence, mais aucun chef d'État
ni aucun chef de gouvernement n'est attendu.
Les délibérations
de Montréal constituent la deuxième phase d'un processus qui a
débuté l'année dernière à Kunming, dans le sud-ouest de la
Chine, et qui vise à négocier et à adopter le « Cadre mondial de
la biodiversité pour l'après-2020 ». Ce cadre s'appuierait sur le
Plan stratégique pour la diversité biologique 2011-2020 des Nations
unies et sur les objectifs d'Aichi en matière de biodiversité,
signés à Aichi, au Japon, en 2010. Le pacte d'Aichi a fixé 20
objectifs pour tenter de ralentir l'érosion de la biodiversité
d'ici 2020, dont aucun n'a été atteint en totalité.
La présidence de la
COP15 est actuellement assurée par la Chine, où cette phase de la
COP15 devait initialement avoir lieu à Kunming. Elle a été
déplacée en raison des éclosions de COVID-19.
Huang Runqiu,
président de la COP15 et ministre de l'Écologie et de
l'Environnement de la Chine, dans une entrevue accordée le 3
décembre au China Daily, a expliqué l'importance de la nécessité
de protéger la diversité biologique. Il a notamment déclaré ce
qui suit :
« Nos vêtements,
notre alimentation, nos logements, nos moyens de transport, tous les
aspects de notre vie matérielle et culturelle, sont étroitement
liés à la biodiversité. La biodiversité nous fournit une
nourriture riche, de l'air frais, de l'eau propre et les produits
nécessaires à la production et à la vie comme les vêtements, le
bois et les matières premières pour la médecine et l'industrie.
Elle rend la Terre pleine de vigueur et de vitalité, la fertilise
comme l'eau et les racines [nourrissent une plante] et jette les
bases d'un développement économique durable.
« Les données
montrent qu'environ la moitié du PIB mondial est liée à la
biodiversité. Les moyens de subsistance de plus de trois milliards
de personnes dépendent de la biodiversité marine et côtière. Les
moyens de subsistance de plus de 1,6 milliard de personnes dépendent
des forêts et des produits forestiers non ligneux. Et environ 70 %
des personnes vivant dans la pauvreté dépendent d'activités telles
que l'agriculture, la pêche et la sylviculture. Quant aux soins de
santé, 70 % des médicaments contre le cancer sont des produits
naturels ou proviennent de composés chimiques trouvés dans des
produits naturels.
« De plus, la
biodiversité joue un rôle important dans le maintien de l'équilibre
écologique naturel, par exemple en favorisant les sources d'eau, en
purifiant l'environnement, en conservant l'eau et le sol, en
prévenant ou en atténuant les catastrophes naturelles, en
préservant la sécurité alimentaire et en protégeant la santé
humaine.
« Au fil des ans,
la communauté internationale a pris pleinement conscience de
l'importance capitale de la biodiversité et a pris des mesures pour
la protéger.
« Cependant, la
détérioration de la biodiversité n'a pas connu de changements
fondamentaux.
« En mai 2019, la
Plate-forme intergouvernementale scientifique et politique sur la
biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) a publié un
rapport. Ce rapport montre qu'en raison de l'activité humaine, 75 %
de l'environnement terrestre et 66 % de l'environnement marin de la
Terre ont été considérablement modifiés, plus de 85 % des zones
humides ont disparu et environ un quart des espèces sont menacées
d'extinction.
« L'Union
internationale pour la conservation de la nature (UICN) a déclaré
dans un rapport de 2020 que 41 % des amphibiens, 26 % des mammifères
et 14 % des oiseaux sont menacés d'extinction. La crise mondiale de
la biodiversité s'aggrave.
« Face à la perte
de biodiversité mondiale, nous, les humains, vivons dans une
communauté d'un avenir partagé et aucun pays, aucune organisation
ou aucun individu ne peut rester à l'abri. »
Au sujet du
déroulement de la conférence de Montréal, Zhou Guomei, directrice
du département international du ministère de l'Écologie et de
l'Environnement de la Chine, a dit aux journalistes le 28 novembre
que les négociations jusqu'à présent n'avaient pas été « sans
heurts ». La conférence de Montréal devrait déboucher sur un
accord qu'elle a qualifié d'« ambitieux », mais également de «
pragmatique, équilibré, faisable et réalisable ».
Lors de la première
phase des négociations de l'année dernière, plus de 100 nations
ont signé la déclaration de Kunming, qui appelle les signataires à
inclure de toute urgence la protection de la biodiversité dans tous
les secteurs de l'économie. Selon Mme Zhou, le consensus n'a pas été
atteint sur des questions comme le financement des efforts de
conservation dans les pays les plus pauvres. Elle a expliqué que des
différences subsistent sur un certain nombre de questions. La
réussite de l'accord dépendra des mécanismes qui seront trouvés
pour mobiliser les ressources et le soutien financier nécessaires à
la mise en oeuvre effective des objectifs du prochain cadre pour la
biodiversité, a-t-elle ajouté.
Cui Shuhong,
directeur du département de la protection écologique naturelle du
ministère de l'Écologie et de l'Environnement de la Chine, a
déclaré que les pays devaient « réfléchir pleinement » à la
possibilité d'atteindre de nouveaux objectifs.
Il a dit : « Nous
devrions tirer pleinement parti de l'expérience et des leçons de la
mise en oeuvre des objectifs d'Aichi, non seulement pour renforcer
l'ambition et la confiance dans la conservation de la biodiversité
mondiale, mais aussi pour être terre à terre et réaliste. »
(Secrétariat de la
CDB de l'ONU, Gouvernement du Canada, Reuters, China Daily)