Il est grand temps de mettre fin à la domination de la monarchie britannique au Québec et au Canada et d'établir nos propres institutions modernes à notre service. C'est une des conclusions logiques qui découlent de la mort de la reine Elizabeth II et de l'histoire qui la précède depuis la conquête.
Les institutions, au Québec comme dans tout le Canada, ont été établies suivant l'expérience britannique d'édification nationale du XIXe siècle qui a conservé la « prérogative royale ». Cette prérogative royale fait en sorte que cela maintient les privilèges entre les mains d'une infime minorité, ce qui était l'essence de l'absolutisme et de la notion archaïque du « droit divin des rois ».
Le maintien et la continuité de cette prérogative est de la plus haute importance pour l'élite gouvernante. Ce n'est pas pour rien que la cérémonie d'assermentation du nouveau roi Charles III a eu lieu si rapidement, un jour après la mort de la reine. Il ne devait pas y avoir de vide dans la continuation de la royauté. Pour le Canada, l'urgence était la même. Trudeau, présent à la cérémonie, a tout de suite déclaré : « Au nom du gouvernement du Canada, nous affirmons notre loyauté à l'égard du nouveau roi du Canada, Sa Majesté le roi Charles III, et lui offrons tout notre soutien. »
Plus encore, le 13 septembre, le gouvernement fédéral a décrété que le lundi 19 septembre sera Journée de deuil national et jour férié dans la fonction publique du Canada. Les autres employeurs au pays sont invités à souligner le Jour de deuil national. Ce sera en fait un deuil pour la démocratie. Au lieu de profiter de l'occasion pour se défaire de la Couronne, tous les efforts sont faits pour qu'aucun espace, aussi petit soit-il, ne soit créé pour le faire. Au Canada, nous avons déjà le lundi précédant le 25 mai en tant que congé férié pour la reine Victoria. Au Québec, depuis 2003, cette journée a été déclarée Journée nationale des patriotes. Le 19 septembre, n'est-ce pas une occasion de déclarer cette journée : Journée nationale pour le renouveau démocratique ?
Quand les décisions sont prises d'en haut et que les intérêts du peuple ne sont pas pris en considération, rien de bon ne peut en sortir. Que ce soit le traité de Paris de 1763, lorsque la France a cédé officiellement la Nouvelle-France aux Britanniques , ou l'Acte de Québec de 1774, que ce soit en 1791 avec l'Acte constitutionnel britannique qui a divisé la province de Québec en deux entités politiques, le Bas-Canada et le Haut-Canada, en 1840 lorsque l'Action d'union a aboli les provinces et les assemblées législatives des colonies du Bas-Canada et du Haut-Canada et a créé une seule colonie, la province du Canada (ou Canada-Uni), sous l'administration d'un gouverneur général, à la suite de la rébellion des patriotes de 1837-1838 écrasée par les troupes des colonialistes britanniques sous le règne de la reine Victoria, ou en 1867 lorsque le Canada a été appelé Dominion du Canada et qu'a été adopté l'Acte d'Amérique du Nord britannique, en 1965 lorsque le drapeau unifolié du Canada – la feuille d'érable – a été proclamé par la reine Elizabeth II, ou 1982 avec le rapatriement de la Constitution du Parlement britannique qui a réaffirmé le rôle central de la Couronne canadienne dans la structure de notre gouvernement – jusqu'à aujourd'hui, les décisions ont été prises par en haut.
Le citoyen appartenant au corps politique organisé n'a jamais été le point de départ de quelque entente ou proclamation, et la récente annonce du gouvernement canadien en est l'exemple le plus récent. On a émis des proclamations définissant le pouvoir exécutif pour le partage des pouvoirs, mais il n'y a jamais eu de déclaration explicite de la démocratie.
Si on veut parler de démocratie, il faut parler d'égalité. L'égalité est directement reliée à la structure – quelle structure est nécessaire pour garantir l'égalité de toutes et de tous. Quelles conditions nécessaires doivent être créés pour avoir l'égalité. La structure actuelle est une structure qui ne permet pas l'égalité. La prérogative royale, le droit divin, bloque l'égalité. C'est l'impunité, la hiérarchie, les privilèges, etc.
Aujourd'hui, les partis cartels présentent les symboles de la monarchie comme étant négligeable sans importance et que c'est possible de fonctionner quand même, etc. Tout cela permet de poursuivre le système de privilèges et bloque l'accès du pouvoir aux mains du peuple.
Il y a plein de vestiges et d'empreintes de la Couronne britannique au Québec. Il faut y mettre fin. Cela fait partie de la lutte pour le renouveau démocratique, pour établir sur des bases modernes un processus politique qui correspond au besoin de l'heure, soit que la classe ouvrière s'investisse du pouvoir de décider de tout ce qui affecte sa vie et c'est la bataille qu'elle mène aujourd'hui. Son allégeance n'est pas envers la Couronne, mais bien envers le peuple du Québec, leurs pairs, leurs familles et leurs collectifs pour un projet d'édification nationale qui lui est propre, pour défendre et garantir le bien-être et la dignité de toutes et tous, pas celle d'un monarque et de ses laquais !
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